Il ressortait quand même des échanges de ses derniers mois (et probablement d'avant aussi mais j'y étais moins sensible car dans le déni) que le temps d'arrêt de travail était considéré comme perdu, surtout chez celles et ceux qui sont des patients en arrêts de longues durée avec des parcours médicaux où les tuiles s'enchainent. C'est pour ça que j'ai demandé à Altéa qu'on ouvre cet espace pour venir parler des projets non médicaux. Moi mon dada c'est les études et les arts du fil (et les livres me souffle mon dos dans l'oreillette (il est en train de les mettre en cartons).
On parle beaucoup de nos dos mais finalement peu de nos projets de vie (qui sont important aussi). Et j'avais aussi envie de partager un peu d'optimisme. Je suis multi opérée en orthopédie, 3 fois le genoux gauche autant pour le droit, des poses et déposes de vis dans les deux cas et des autogreffe osseuse dans les deux genoux et j'attaque mon troisième changement de carrière à presque 36 ans.
J'ai un bac STL BGB (biochimie génie biologique) obtenu en 2001. J'enchaine avec 3 ans de prépa et je pars en sept 2005 en école d'ingénieur à Agro sup Montpellier après avoir eu les concours deux années de suite.
2006 je deviens maman, c'est une grossesse accidentelle, à l'époque je tourne à plein régime école d'inj, poste à temps partiel (20 heures) le tout bourrée de médoc en tout genre pour tenir le coup (j'ai déjà des séquelles de mon accident et des pathologie bonus (asthme déclenchée par le corset et syndrome de ménière équilibre défaillant). A l'annonce de la grossesse évidement on arrête tout les médocs, je prend une année pour mettre ma crevette au monde. A la reprise des cours gros problème je ne supporte plus les médocs et sans médoc je ne peux plus cumuler le temps plein scolaire et le temps partiel. Je quitte donc l'école en deuxième année (le cursus était beaucoup moins dense qu'espéré après la prépa je me fais royalement chier en cours). Ça se fait en douceur, je quitte un truc qui me plait pas pour la vie active où je m'éclate.
2009 je passe un titre IV : secrétaire commerciale pour pouvoir me servir de mon bagage d’école d'ing en compta gestion et avoir un diplome dans le secteur tertiaire ou je travaille depuis 2003. En sortie de diplôme je trouve un poste d'ass de direction dans une petite entreprise de BTP. 6 mois plus tard licenciement éco suite à l'obtention de la RQTH (directement dans la tranche 50-80% ... (oui je sais c'est illégale mais à l"époque me battre pour un poste où mon handicap me rend indésirable ne m'intéresse pas...) je retrouve du boulot tout de suite cette fois en banque. Je joue la sécurité certes c'est moins fun que l'assistanat moins bien payé mais au moins mon handicap est le "bienvenu" (au niveau RH on me déroule le tapis rouge, dans les faits j'ai quand même eu énormément de soucis avec les collègues en agence, ça pourrit une organisation quand un collègue a beaucoup d'absentéisme non prévu, un planning plein et des clients, et cela pourrit les résultats de l'agence...)
L'an dernier en mars 2018 le médecine du travail au vue de mon état de santé évoque un licenciement pour inaptitude à l'issue des 36 mois d’arrêt (il était bien plus lucide que moi puisque je n'étais en arrêt que depuis 20 mois...)
Donc aujourd'hui on en est là : état non consolidé, invalidité de catégorie 1 (sept 2019) : je dois trouver à m'occuper pour ne pas finir folle jusqu'en août 2024 (je vous fais grâce des savants calculs pour arriver à ce consensus, il fallait pour moi/nous mettre une borne pour se projeter). On se donne avec mon compagnon 5 ans pour stabiliser ma colonne et mon esprit (j'en suis a 21 ans de lombalgies sciatiques ça eu aussi des conséquences sur mon mental et ma façon d'appréhender mon corps c'est anxiogène, et je culpabilise encore beaucoup du handicap vis à vis de ma fille de mes futures belles filles qui sont plus jeune que la mienne), repasser des diplômes pour changer de voie, et être opérationnelle pour acheter un chez nous en 2024. (et en cours de tractation avec Monsieur un bébé

Donc le programme parce que finalement c'est ça qui va être partager ici :
- passer un cap broderie en 2020 en candidat libre. Je devais créer mon entreprise cet été, dès que la sécu et mon boulot avait mis fin à ma carrière bancaire. Mais vu que je ne suis pas consolidée et qu'on doit refaire la maçonnerie, on en profite pour passer le diplôme avant et non pendant. Comme ça je peux démarrer directement avec la qualification artisan. (pour les curieux je brode surtout couchée dans mon canapé ou debout avec un métier à broder installé sur des pieds (le assis/debout est douloureux donc c'est sans siège et par tranche de 20 min). au vue de l’état de mes cervicales sur l’irm de juillet 2019 c’est hors de question...
- comme je suis une intello habile de ses mains mais surtout une intello (le genre chiant en mode jamais rassasiée curieuse de tout), je vais en parallèle retournée à la fac dans le cadre de la formation continue. Et je suis en cours de tractation pour adapter le parcours je ne peux pas faire de présentiel je vais faire ça aussi du fond de mon canapé. J'espère donc reprendre la fac de lettre dans un cursus lettre moderne en septembre 2019. Je redémarre à 0 en L1 dans un domaine coup de cœur de mon adolescence (mais j'ai été poussée vers la "voie royale" par ma prof de francais/latin).
- faire un bébé (c'est le projet le moins avancé et le plus incertain finalement) ce projet là est cuit aussi. Trop abîmée...
Donc voilà Enat est sur le flan mécaniquement parlant mais la tête pleines de projets. Et plutôt que d'attendre que cela aille mieux on va anticiper ce qui peut l’être et donner un sens à cette longue convalescence qui continue.